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La dernière lueur
18 juillet 2018

La croissance économique et le développement économique

Se doter d’une représentation théorique du développement économique est un travail délicat tant ses approches sont diverses. Cette diversité peut en partie trouver son explication dans la polysémie du terme « développement » qui est confronté à une double ambiguïté. En effet, le développement peut aussi bien caractériser « l’action de faire et le fait lui-même », mais également « une action et le résultat de cette action ». Les approches économiques du développement naissent véritablement à travers les travaux de l’économie du développement qui s’intéressent aux conditions du progrès des économies. A l’instar de son utilisation par les pères fondateurs de l’économie politique, le développement économique y est ici compris comme un processus long d’amélioration de la vitalité d’une économie, autrement dit de progrès économique. Cette école se fonde principalement sur les analyses pionnières de Marshall et de Schumpeter, à l’origine des deux principales approches structurant aujourd’hui encore l’économie du développement. L’approche marshallienne considère le développement économique comme une dynamique graduelle et continue, fortement liée aux effets du progrès technique ; à l’inverse, l’approche schumpétérienne considère le développement économique comme un processus discontinu dans lequel l’économie évolue par chocs cycliques, notamment à travers le processus de destruction-créatrice dont les entrepreneurs sont les principaux artisans. D’autres approches économique conçoivent le développement économique non pas comme un processus d’amélioration de la vitalité d’une économie, mais comme un état. Dans ces approches, le concept de développement économique acquiert donc une signification particulière, souvent au regard du phénomène de croissance économique. La croissance économique est considérée comme un phénomène quantitatif pouvant se définir comme « l’augmentation soutenue durant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension » d’une économie ; l’indicateur aujourd’hui privilégié pour mesurer cette croissance économique étant le PIB. D’autre part, le développement économique 100 est plutôt considéré comme un phénomène qualitatif pouvant se définir comme « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel et global ». Bien que ces deux définitions introduites par Perroux insistent sur les différences essentielles entre ces deux phénomènes, elles mettent néanmoins en évidence une certaine complémentarité. En effet, comme « aucune croissance observée n’est homothétique ; la croissance s’opère dans et par des changements de structure », la croissance économique peut être considérée comme « l’expression formalisée et quantitative des changements de structure ». Ainsi, une analyse du développement économique correspondrait in fine à une analyse des conditions structurelles de la croissance, c’est-à-dire d’augmentation de la taille de l’économie d’un espace. Selon l’économiste institutionnaliste North, le développement économique peut se concevoir comme le résultat d’un processus de modernisation des institutions d’un espace, c’est-à-dire des contraintes établies par les hommes pour structurer leurs interactions. De son côté, Ferguène avance que le développement économique regroupe à la fois les changements structurels affectant les conditions sociotechniques de production, mais également les conditions socioéconomiques d’existence des populations. Ainsi, le développement économique, dont la représentation théorique conditionne directement la représentation des effets que l’évaluation cherche à mesurer, est pertinente à distinguer du phénomène de croissance économique. En effet, quand la croissance économique peut se définir comme la traduction de l’augmentation de la taille d’un système économique, le développement économique renvoie plutôt au résultat de l’évolution des structures d’un système, facilitant sa croissance. Les démarche alternatives d’évaluation qui relativisent les effets des investissements – c’est-à-dire qui reconnaissent que ces investissements n’exercent pas systématiquement les mêmes influences au sein des structures des systèmes économiques dans lesquels ils s’inscrivent – se reconnaissent en général dans cette conception « structurelle » du développement économique.

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