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La dernière lueur
9 mai 2017

Invention européenne

Nous avons inventé en 1950 un « truc » pour gérer la perspective d’une Allemagne réunifiée, c’est l’Europe. Même si nous avons accueilli sans enthousiasme la réunification, nous avons pu néanmoins l’assumer parce que nous avions l’Europe » 1 . L’Allemagne, quant à elle, espérait, à travers l’Europe, retrouver une virginité diplomatique et la faveur des Alliés occidentaux – ce qui fut assez rapide chez les Anglo-Saxons – et parvenir le plus vite possible au statut de partenaire digne de confiance. Les discours, mémoires et correspondances de Konrad Adenauer sur le sujet sont légion. A` ses yeux, ce retour de la confiance et l’intégration de l’Allemagne dans la communauté internationale passaient par une alliance indéfectible avec l’Ouest, le fameux « ancrage à l’Ouest » (Westbindung) et l’intégration européenne : « La politique de l’unification européenne apportait un changement dans les relations de l’Allemagne vaincue et occupée avec ses anciens ennemis. Nous coopérions dans les différentes organisations européennes au bénéfice de tous » 2 . Quant à la Grande-Bretagne, soucieuse de conserver une relation privilégiée avec les E´tats-Unis, entamée à l’occasion de la crise du canal de Suez en 1956, elle a craint de se fondre dans un ensemble continental, d’autant plus qu’elle privilégiait déjà une approche commerciale, plus précisément libre-échangiste, perspective éloignée de l’idée de construction politique. C’est ainsi que l’Europe a été placée sous le signe de la coopération francoallemande qui en est devenue le « moteur ». La légitimité historique du lien franco-allemand, sur laquelle se fonde en grande partie sa spécificité, plonge ses racines dans l’effort considérable qu’a représenté pour les deux pays la volonté de surmonter la méfiance de l’Autre – surtout pour la France. Dans son étude sur Les relations franco-allemandes de 1949 à 1963, Ulrich Lappenküpper observe qu’il faut attendre que « le concept d’intégration l’emporte sur celui de domination » 3 (dans l’esprit des dirigeants français) pour qu’une nouvelle époque de la relation francoallemande, bien qu’encore longtemps empreinte de méfiance, ne s’esquisse, ouvrant la voie aux avancées de la construction européenne dont les grands moments sont connus : Plan Schuman du 9 mai 1950 débouchant sur le traité du 18 avril 1951 portant création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) ou` se matérialisent un transfert effectif de souveraineté et la sacro-sainte parité franco-allemande (dont le maintien sera une pomme de discorde au sommet de Nice de 2000) ; les traités de Rome du 25 mars 1957, notamment rendus possibles graˆce à un accord franco-allemand, d’une part sur la mise en place d’une politique agricole commune (favorable à la France) et l’introduction d’un tarif extérieur commun sur les produits industriels (favorable à l’industrie allemande).

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